Des habitants du quartier Étouvie espèrent l’aménagement d’une forêt comestible à l’image de celle qui a été créée sur l’île Sainte-Aragone par l’association De la Graine à l’assiette. Si le quartier ne manque pas de bras, reste à trouver un terrain.
L’idée est dans l’air du temps au moment où la Métropole et la Chambre d’agriculture de la Somme travaillent sur un Projet alimentaire territorial destiné à répondre aux enjeux du bien-manger, à favoriser la consommation de produits locaux et à « développer une économie agricole et alimentaire ancrée sur le territoire métropolitain ».
Pourquoi ne pas aménager une forêt comestible dans le quartier Étouvie un peu comme celle qui existe déjà sur Sainte-Aragone, petite île située entre les quais de la Somme, dans le quartier Saint-Maurice, et Étouvie ?
SUR LE MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT NATUREL DES FORÊTS
« Ce serait tellement formidable de proposer ce genre de chose dans ce quartier qui ne manque pas de bras pour réaliser ce genre de projet. Les gens ont la chance de disposer de beaucoup de verdure et pourtant, il leur manque un lieu comme celui-ci, convivial où ils pourraient se retrouver et récolter leurs productions. On l’a vu pendant le confinement : si certains ont pu profiter des légumes de leur petit bout de jardin, beaucoup n’ont pas eu cette chance et ont mal vécu la situation », rappelle Ketty très investie dans le quartier Étouvie, dans le milieu associatif notamment. Mais au fait, c’est quoi une forêt comestible ? « C’est un espace où l’on apprend à se reconnecter à la nature, à la biodiversité et à l’agriculture vivrière en s’inspirant du modèle de développement naturel des forêts », répète à l’envie Laure Nicolas, cheffe de projet « Vers une transition alimentaire » à l’association De la Graine à l’assiette, qui porte depuis deux ans et demi ce projet sur l’île Sainte-Aragone.
« L’actualité nous montre qu’il nous faut absolument accélérer sur ce type de projet »
Laure Nicolas
Leur forêt se compose d’une centaine d’espèces différentes comestibles et d’une cinquantaine d’espèces mellifères qui favorisent l’écosystème et servent surtout aux animaux.
Depuis le début du projet, l’association collabore avec plusieurs écoles et collèges du secteur ainsi qu’avec des associations qu’elle accueille régulièrement sur le site pour des ateliers autour de l’alimentation et de la biodiversité.
Et le projet semble faire des émules à Étouvie où des habitants cherchent aujourd’hui à le dupliquer. « Nous avons connu l’association par le biais de l’association l’Apap qui a proposé rue de Poitou des interventions et des ateliers culinaires pour les habitants avec De la Graine à l’assiette. Nous avons aussi pu visiter la forêt et avons tout de suite adhéré au projet. Certains ont même participé à la reconstruction de la cabane qui avait été vandalisée. C’est de là qu’est venue l’idée d’aménager ce type de lieu ici. Mais il reste à trouver un terrain pour cela », poursuit Ketty.
DES PRIX ABORDABLES POUR TOUS
C’est en ce sens que l’association s’apprête à solliciter à nouveau la mairie et le bailleur social la SIP afin de les aider à trouver ce terrain. « Un jardin partagé comme on en voit dans certains quartiers, cela demande beaucoup d’entretien et les gens n’ont pas forcément le temps de s’y investir. Ce qui est intéressant avec la forêt comestible, c’est qu’elle s’auto-suffit. Chaque espèce grandit et en protège une autre sans qu’il ne soit nécessaire qu’on y intervienne trop », défend Laure Nicolas pour qui il y a aujourd’hui urgence. « L’actualité nous montre qu’il nous faut absolument accélérer sur ce type de projet. Les pénuries que nous avons connues, comme celle pour l’huile par exemple, démontrent combien nous sommes dépendants et pourquoi il est important de relocaliser notre agriculture si l’on veut que tout le monde s’y retrouve et des prix abordables pour tous. »